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La consommation collaborative désigne un ensemble de pratiques très variées – parmi lesquelles la location, le prêt, le don, le troc ou le partage entre consommateurs –, qui remettent en question la primauté accordée à la propriété individuelle. Ce phénomène en plein essor fait l’objet de nombreuses recherches tentant de définir, de cartographier ou d’expliquer le phénomène, en identifiant ses déterminants ou en évaluant ses impacts. Peu de travaux se sont penchés sur l’arrière-plan culturel de ce mouvement. C’est l’objet de ce travail, qui étudie la consommation collaborative dans une perspective anthropologique, autour de la question, centrale, du rapport à la propriété. Cette recherche, ancrée dans la Consumer Culture Theory (CCT), adopte une approche phénoménologique centrée sur le sens des expériences vécues par les consommateurs. Elle s’appuie au plan empirique sur une ethnographie menée sur trois terrains reflétant la diversité des pratiques collaboratives – l’habitat participatif, la plaisance collaborative et les bibliothèques de vêtements. Et elle a pour première assise théorique la mobilisation d’un cadre d’analyse original – l’infrastructure cosmologique –, inspiré des travaux de Stoczkowski (2008), qui permet de révéler les traits saillants d’une vision du monde. Les résultats mettent en lumière l’émergence, au sein d’un mouvement qui reste largement consumériste, d’une contre-culture, proche de la simplicité volontaire, caractérisée par un rapport nouveau à la propriété, dans laquelle celle-ci n’est pas simplement remplacée par l’usage mais se charge d’un sens différent. Nous l’avons nommée « cosmologie de l’alter-possession ». Cette recherche permet de mieux comprendre les comportements de consommateurs qui entretiennent un rapport ambivalent aux possessions, entre détachement et recherche de liens durables, et aspirent à des formes de propriété plus ouvertes et plus collectives en réponse aux enjeux sociaux et environnementaux d’un monde aux ressources finies.