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Introduction : Malgré les campagnes de prévention, le nombre d’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) à La Réunion reste en hausse. Plusieurs études suggèrent que la situation de précarité exposerait les femmes à un surrisque d’IVG et à un parcours de soins plus difficile. Le vécu de l’IVG reste peu exploré dans la population générale, et moins encore chez les patientes précaires, pourtant, il serait influencé par la qualité du parcours de soins. Notre objectif était donc d’étudier l’expérience de l’IVG médicamenteuse chez les patientes en situation de précarité à La Réunion, puis, de relever leurs attentes, afin de pouvoir proposer des pistes d’amélioration pour leur prise en charge. Méthode : Il s’agit d’une étude qualitative par entretiens semi-dirigés. La population cible est celle des femmes majeures ayant comme régime de protection sociale la Complémentaire Santé Solidaire, et/ou ayant une autre des fragilités définissant la précarité : instabilité de l’emploi, de l’habitat ou du tissu familial. Le recrutement a été mené par les soignants réalisateurs de l’IVG. Résultats : Neuf entretiens ont été réalisés. L’analyse révèle un défaut d’information des patientes dans la prévention à l’IVG et la préparation à la fausse couche provoquée. Cette dernière, physiquement et psychologiquement éprouvante, d’autant plus chez ces patientes isolées, pouvait être source de difficultés matérielles et organisationnelles. La méthode médicamenteuse en lien avec le médecin généraliste était le premier choix des patientes, surtout dans un contexte de sentiment d’urgence à la réalisation de l’IVG. Les patientes étaient vulnérabilisées en post-IVG, en proie à de multiples inquiétudes, voire à l’apparition de conjugopathie ou violence conjugale. Néanmoins le suivi par psychologue, même si proposé, était très majoritairement refusé. Conclusion : Les patientes étaient satisfaites de leur parcours d’IVG, même si celui-ci semble pouvoir être encore amélioré. Une augmentation de la prévention et de la précision dans l’information délivrée, ainsi qu’un renforcement de l’accompagnement des patientes sont à envisager. Il semble important de leur fournir un accès de proximité à l’IVG, plus rapide et plus facile, qui pourrait passer par l’augmentation de l’offre de soins sur le territoire et le renforcement de la polyvalence des soignants réalisateurs d’IVG.