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Introduction : Les tumeurs HER2-positives représentent 10 à 15% des cancers du sein. 40% des cancers du sein surviennent chez la femme de plus de 65 ans mais restent sous-représentées dans les essais cliniques. Actuellement, le traitement standard de chimiothérapie à base d'anthracycline-taxane suivie d'un an de trastuzumab n'est pas forcément approprié chez les personne âgée ou présentant des comorbidités. Chez les patientes à faible risque, l’essai APT rapporte de très bons résultats sans anthracyclines. La question reste de savoir si cette option peut être proposée dans cette population fragile. L’objectif de l'étude est de décrire les caractéristiques de cette population et la gestion du traitement adjuvant. Méthodes : Nous avons réalisé une étude rétrospective observationnelle au Centre Eugène Marquis. Les patientes de plus de 65 ans atteint d'un cancer du sein localisé HER2-positif, diagnostiqué entre 2006 et 2018 ont été incluses. Nous avons réparti la population en trois groupes de traitement : un régime anthracyclines-taxanes-trastuzumab (ATTR), un régime adjuvant-paclitaxel-trastuzumab (APT) et un régime de traitement non conventionnel (UTR). Résultats : 126 patientes ont été analysées: 48 patientes ATTR, 49 APT et 29 UTR. Dans la population globale, le suivi médian était de 35 mois [14,3-53] et l'âge médian de 73 ans [68,3-79]. Une évaluation gériatrique (EGS) n'a été réalisée que dans 16% des cas. Dans le groupe UTR, les patientes étaient plus susceptibles d’être fragiles (86,2%, p <0,001) et la plupart d’entre elles n’ont pas reçu de traitement anti-HER2. Dans les groupes ATTR et APT, il n'y avait pas de différence significative en termes de toxicité cardiaque (8,3% ATTR contre 10,2% APT) et de neuropathie (20,8% contre 32,7%), mais le groupe ATTR présente plus de nausées (37,5% vs 8,2%; p <0,001) et de mucite (39,6% vs 8,2%; p <0,001). Après un an de suivi, il y a eu deux fois plus de perte d'autonomie dans le groupe UTR (62,1%) que dans les groupes ATTR (29,2%) et APT (36,7%). 14 décès sont survenus: 2 décès dans le groupe ATTR dont un décès toxique, 4 décès dans le groupe APT en raison d'une récidive métastatique et 9 décès dans le groupe UTR dont 4 décès par récidive métastatique et 5 décès par maladies intercurrentes telles que des insuffisances respiratoires ou cardiaques. Conclusion : Notre étude révèle l'importance de l'évaluation gériatrique pour sélectionner les patientes afin de réaliser le traitement adjuvant adéquat. Malgré un court suivi, le traitement sub-optimal et les effets secondaires cliniquement pertinents sont tous deux bien illustrés dans cette étude. De toute évidence, les essais cliniques devraient viser de nouvelles options thérapeutiques dans cette population âgée fragile.