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Modifications des critères diagnostiques de l'épisode dépressif majeur dans le cadre du deuil par le DSM-V : quelles conséquences ?
Psychiatrie / 21-04-2016
Clesse Florence
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Introduction: En France le DSM-V a été critiqué en particulier au sujet de l'abandon de certains critères d'exclusion du diagnostic d'épisode dépressif majeur dans le cadre du deuil. L'objectif de cette étude était de quantifier les conséquences d'un tel choix: une éventuelle augmentation de la prévalence, les éventuelles modifications du profil clinique des patients et l'impact sur le recours aux soins. Méthode: Une enquête transversale a été menée par téléphone en 2005-2006 dans 4 régions françaises. La prévalence des troubles psychiatriques au cours des 12 derniers mois a été évaluée par la CIDI-SF. L'existence d'un deuil a été recherchée chez les sujets répondant positivement aux questions de dépistage de la dépression. Les sujets présentants une dépression dans le cadre du deuil selon les critères DSM-IV ont été comparés à ceux présentant une dépression dans le cadre du deuil selon les critères DSM-V. Résultats: Sur les 22138 participants 692 étaient endeuillés. La prévalence de la dépression parmi les endeuillés était de 49.9% (IC95%=43.7-56.0) selon les critères DSM-IV et de 59.6% (IC95%=53.1-66.1) selon les critères DSM-V. La prévalence de la dépression toutes causes confondues passait de 8.6% avec le DSM-IV (IC95%=8.1-9.1) à 8.8% avec le DSM-V (IC95%=8.3-9.3). Les cas diagnostiqués en utilisant le DSM-IV présentaient plus de symptômes que ceux diagnostiqués avec le DSM-V. Les profils cliniques des 2 groupes étaient similaires excepté en ce qui concerne les symptômes du critère E, plus présents dans le groupe diagnostiqué avec les critères DSM-IV, ce qui s'explique par un biais de définition. La culpabilité en revanche était plus exprimée chez les patients diagnostiqués par le DSM-V. Le recours aux soins était similaire dans les 2 groupes avec une proportion similaire de consultations médicales et de prescription de psychotropes. Limites: Certaines subtilités dans les critères diagnostiques ont été difficiles à opérationaliser. Ainsi la différence observée entre la prévalence obtenue avec les critères diagnostiques DSM-IV et celle obtenue avec les critères DSM-V pourrait être réduite lorsque le jugement clinique est pris en compte. Conclusion: La prévalence de la dépression toute causes confondues n'est que marginalement augmentée par le changement de critères diagnostiques. Cependant parmi les endeuillés la prévalence de la dépression augmente de façon non négligeable (10 points). Les patients nouvellement diagnostiqués par le DSM-V semblent globalement moins sévères et présentent une culpabilité qui pourrait être le reflet d'un deuil physiologique. Cependant ils sont également demandeurs de soins et pourraient bénéficier d'une prise en charge adaptée.
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