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Introduction : la dermatite atopique (DA) est une dermatose inflammatoire chronique très fréquente. Les traitements systémiques principalement utilisés sont la ciclosporine (CYC), le méthotrexate (MTX), plus récemment le dupilumab (DUPI). D’autres traitements sont disponibles, comme l’azathioprine (AZA) et le mycophénolate mofétil (MMF) mais leurs recours est moins fréquent. Objectifs : Comparer différents immunosuppresseurs (IS) en première ligne et deuxième ligne de traitement dans la DA de l’enfant, par deux analyses de survie : « drug survival » (DS) et « post-drug survival » (PDS). Matériel et méthodes : Étude rétrospective multicentrique nationale par participation des membres de deux groupes français acteurs dans le domaine de la DA : Groupe de recherche sur l’eczéma atopique (GREAT) et groupe de recherche de la société française de dermatologie pédiatrique (SFPD). Un questionnaire standardisé recueillait les caractéristiques du traitement IS (molécule, dates d’initiation et d’arrêt), les motifs d’arrêt de traitement (échec, effet indésirable, contrôle de la DA, non compliance). Un modèle de Cox était utilisé pour rechercher les facteurs prédictifs du DS de première ligne, PDS et DS de seconde ligne. Résultats : Quatre-vingt-trois patients (âge moyen 11+/-8,7 ans) ont été inclus. La première ligne thérapeutique d’IS était la CYC pour 60 enfants, le MTX pour 18, l’acitrétine pour 3 et le DUPI et OMA pour 1 patient. Les motifs d’arrêt n’étaient pas différents selon le traitement (p=0,88). Le DS était significativement plus long avec le MTX (médiane 22 mois) que la CYC (12 mois) (p=0,011). Douze mois après le début de traitement, 50% des patients sous MTX étaient toujours traités vs 30% des patients sous CYC. La médiane du PDS était de 4 mois pour le MTX et 8 mois pour la CYC (p=0,58). Le seul facteur prédictif d’un allongement du DS était l’utilisation du MTX. Un âge de début de la DA avant 2 ans, la présence d’une allergie respiratoire et un contrôle de la DA à la fin de la première ligne IS étaient des facteurs prédictifs d’un PDS plus long. Le seul facteur prédictif d’un PDS plus court était l’utilisation de posologies élevées des traitements de première ligne. Conclusion : Il s’agit de la première étude française comparant les traitements IS utilisés en première et deuxième lignes dans la DA de l’enfant à l’aide, par des analyses de survie (« DS » et le « PDS »). Le MTX a une durée d’utilisation plus prolongée que la CYC, mais semble plus rapidement suivi d’une seconde ligne de traitement, suggérant des profils d’utilisation différents. En seconde ligne, la fréquence de recours au DUPI est élevée. Des données complémentaires sur la durée de traitement de cette molécule sur une période de suivi plus importante en population pédiatrique sont nécessaires.