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L’œdème du tractus optique (OTO) lié à la présence de certaines tumeurs cérébrales de la région sellaire se caractérise par un œdème péritumoral se produisant préférentiellement vers l’arrière le long des fibres visuelles du tractus optique. Les conséquences de l’OTO n’ont jamais été spécifiquement évaluées dans la population pédiatrique. Dans cette étude, les auteurs ont essayé d’identifier des caractéristiques cliniques et radiologiques associés à la présence de cet œdème ainsi que son impact sur la fonction visuelle. Nous avons mené une étude rétrospective concernant les patients mineurs opérés d’une tumeur de la région sellaire dans notre centre de janvier 2005 à janvier 2016. Les caractéristiques des patients, les données ophtalmologiques et d’imagerie cérébrale ont été analysées. Pour évaluer et comparer l’évolution de la fonction visuelle, les résultats de l’examen ophtalmologique ont été converties en un score global comprenant l’acuité visuelle, le champ visuel et le nombre d’œil atteint pour chaque patient. Le score d’acuité visuelle a été défini selon la Classification Internationale des Maladies. Les atteintes du champ visuel ont été converties en un score de 0 à 2. Deux groupes ont été ainsi créés en fonction de la présence ou de l’absence d’OTO. Nous avons comparé le score d’acuité visuelle, le champ visuel et le score global entre les deux groupes avant et après traitement. Vingt-six patients ont été inclus dans l’étude: 17 craniopharyngiomes, 3 astrocytomes pilocytiques, 2 gangliogliomes, 2 germinomes, 1 macroprolactinome et 1 kyste de la fente de Rathke. Il y avait 11 enfants dans le groupe avec œdème et 15 enfants dans le groupe sans œdème. Il n’y avait pas de différences significatives entre les 2 groupes concernant l’âge, le sexe, les symptômes cliniques préopératoires (déficits endocriniens, signes d’hypertension intracrânienne), la présence d’hydrocéphalie, la compression du tractus optique, l’effet de masse sur le chiasma, la taille de la tumeur et sa localisation, la présence de kystes intratumoraux, le traitement, le type de tumeur et la présence de récidive. La médiane du score visuel global n’était pas statistiquement différente entre les deux groupes au moment de l’évaluation initiale ou finale. Les atteintes du champ visuel étaient statistiquement plus importantes dans le groupe avec œdème (p < 0,05) : 89% des patients avec œdème avaient un déficit modéré à sévère du champ visuel contre seulement 40% dans le groupe sans œdème. Le score des champs visuels n’était pas différent entre les deux groupes lors de l’évaluation finale à distance du traitement. Bien que non significatif, le nombre de patients avec une pâleur papillaire était plus important dans le groupe sans œdème à la fois au diagnostic et à distance du traitement. Notre étude confirme que, chez l’enfant, l’œdème du tractus optique accompagnant une tumeur de la région sellaire n’influence pas le pronostic visuel final.