Introduction : Les lésions endoscopiques sévères (LES) favoriseraient les complications de la maladie de Crohn (MC) et le recours à la chirurgie d’après des données basées sur un faible niveau de preuve. Notre étude issue d’une cohorte prospective en population générale a pour objectif d’évaluer la survenue d’évènements indésirables liés à la MC selon la présence de LES au diagnostic. Patients et Méthodes : Tous les cas incidents de MC en Bretagne entre 1994 et 1997 ont été inclus prospectivement au diagnostic et les dossiers des patients ont été revus jusqu’à la date de dernière visite clinique. Une LES était définie comme une ulcération profonde atteignant un segment intestinal. Une analyse de survie a recherché une association entre les LES et des événements indésirables en lien avec la MC. Résultats : Au sein des 272 patients suivis dans la cohorte, 257 (94%) ont été inclus après exclusion de 15 (6%) patients n’ayant pas eu de coloscopie au diagnostic. La coloscopie retrouvait une LES sur au moins un segment chez 59 (23%) patients et sur deux segments chez 27 (10%). Une LES au diagnostic n’était associée ni au recours à une chirurgie (log rank=0.49), ni à une évolution compliquée de la MC (log rank=0.81), ni à une hospitalisation (log rank=0.95), ni au recours aux immunosuppresseurs (IS) (log rank=0.98). L’analyse du sous-groupe de 164 (64%) patients avec coloscopie complète et n’ayant pas de complication de la MC ou de chirurgie au diagnostic ne révèle pas d’association entre LES et évènements indésirables de la MC hormis un recours plus fréquent aux IS (log rank=0.0028). Conclusion : Au sein d’une cohorte de maladie de Crohn en population générale, une LES au diagnostic n’est pas associée au recours à la chirurgie ni à une évolution compliquée malgré une utilisation accrue d’immunosuppresseurs.