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Contexte et objectif : Ce travail de thèse se décompose en deux articles qui traitent du même sujet : la problématique des cancers radio-induits après radiothérapie de cancer de prostate. Le premier article correspond à une revue de la littérature intitulée : « La radiothérapie du cancer de prostate augmente-t-elle le risque de seconds cancers ? » (acceptée dans le journal « Cancer/Radiothérapie »). Cette revue a analysé les données issues de 30 études, majoritairement anciennes et de faible niveau de preuve scientifique. Avec les techniques contemporaines d’irradiation des cancers de prostate, la question des cancers radio-induits reste controversée. Le second article correspond à un article original avec son résumé ci-dessous. La radiothérapie quotidienne guidée par l'image (IGRT) est la technique standard actuellement recommandée pour la radiothérapie du cancer de la prostate. Entre 2007 et 2012, l'essai STIC-IGRT a randomisé un total de 470 patients atteints de cancer de la prostate pour qu'ils reçoivent une IGRT quotidienne ou hebdomadaire. La publication initiale dans le Red journal en 2018 a montré, avec un suivi médian court de 4,1 ans, que l'IGRT quotidienne améliorait significativement la survie sans récidive biochimique et diminuait la toxicité rectale. Cependant, de manière inattendue, la survie globale et le risque de second cancer étaient significativement moins bons dans le bras IGRT quotidienne, remettant en question le bénéfice de l'IGRT quotidienne. L'objectif du second article était de mettre à jour ces résultats. Matériels et méthodes : Nous avons mis à jour et effectué de nouvelles analyses statistiques concernant la survenue de métastases, de seconds cancers ainsi que la survie (et, en cas de décès, la cause du décès). Résultats : Au total, 99 % des patients ont été mis à jour. Le suivi médian était de 11,7 ans. Il n'y a pas eu de différence statistiquement significative en survie globale entre les deux groupes (p= 0,815). L'IGRT quotidienne a réduit de manière significative l'incidence des récidives cliniques (y compris les métastases à distance) par rapport à l'IGRT hebdomadaire (14% contre 26% ; p=0,003) et a amélioré de manière significative la survie spécifique du cancer de prostate (95% contre 88% ; p=0,017). L'incidence des seconds cancers était significativement plus élevée dans le groupe IGRT quotidienne (22% vs 14% ; p= 0,021). Cependant, ces seconds cancers étaient majoritairement localisés en dehors du pelvis (81% vs 82%) et leur temps médian d'apparition après la radiothérapie restait court (4,6 vs 5,5 ans). Enfin, il n'y avait pas de différence significative concernant la survie spécifique liée aux seconds cancers (p= 0,051). Conclusion : Avec plus de 10 ans de suivi, notre étude est la première à démontrer que l’IGRT quotidienne réduit significativement le risque de récidive clinique (y compris les métastases à distance), ce qui se traduit par un bénéfice en survie spécifique. L'IGRT quotidienne est associée à un risque plus élevé de seconds cancers, toutefois principalement localisés en dehors du pelvis et avec un temps médian de survenue de moins de cinq ans après la radiothérapie, ce qui exclut l'hypothèse d'un cancer radio-induit. Au total, l'IGRT quotidienne devrait rester la technique standard pour le cancer de prostate.