L’exposition des étudiants en médecine à l’industrie pharmaceutique et leur attitude face à la promotion font l’objet d’études de plus en plus nombreuses, mais il n’existe pas de données récentes et nationales sur le sujet en France. Cette étude a pour objectif principal d’évaluer l’exposition des étudiants en médecine à l’industrie pharmaceutique au niveau national. Elle s’attache aussi à évaluer l’attitude des étudiants face aux avantages perçus de la part de l’industrie ainsi que leur accès à une formation à la critique de la promotion pharmaceutique. Un auto-questionnaire composé de 26 questions inspirées de la littérature internationale a été adressé à l’ensemble des externes (à partir de la 4ème année d’études) et internes de France (à partir de la 7ème année) par le biais des services de scolarité des facultés de médecine ainsi que des associations et syndicats étudiants. Le recueil a eu lieu du 1er mars au 30 mai 2019. La participation était libre et anonyme. Au total, 6573 étudiants ont répondu au questionnaire provenant de 34 facultés de médecine différentes (3728 externes et 2645 internes) soit un taux de réponse global minimal de 11,3%. 29 étudiants ayant effectué leur externat à l’étranger ont été exclus de l’analyse. Seuls ceux ayant répondu à l’intégralité des questions sur l’exposition ont été inclus pour l’analyse, soit 6280 étudiants. 96,3% des étudiants toutes promotions confondues ont déjà été exposés à la promotion pharmaceutique. 85,4% des étudiants ont participé au moins une fois à une discussion avec un(e) délégué(e) médical(e) et 73,7% des étudiants se sont déjà vus offrir un repas par un laboratoire pharmaceutique depuis le début de leur cursus. 78,1% des étudiants déclarent avoir été exposés au moins une fois à la promotion pharmaceutique dans les six derniers mois. Concernant leur attitude, 36,8% des étudiants pensent que percevoir un cadeau ou un avantage peut influencer leur prescription mais ils sont plus nombreux (53,6%) à penser que cela puisse influencer celles de leurs collègues. Paradoxalement, 54,2% des étudiants pensent que les informations fournies par l’industrie pharmaceutique sont à la fois biaisées mais aussi formatrices. 72,2% des étudiants n’ont bénéficié à ce jour d’aucune formation sur la critique de la promotion pharmaceutique, même minimale. Parmi les étudiants ayant reçu une formation à la critique de la promotion pharmaceutique, l’acceptabilité des avantages perçus de la part de l’industrie est moindre et le scepticisme est plus important que parmi les étudiants non formés. Notre étude met en évidence une exposition importante des étudiants en médecine de France à la promotion pharmaceutique en 2019 et un manque de formation pour la prévenir. Elle renforce les arguments en faveur des bénéfices d’une formation curriculaire à la critique de la promotion pharmaceutique et suggère encore l’influence importante des aspects plus informels, interpersonnels ou institutionnels.