Introduction La population migrante est particulièrement vulnérable aux troubles psychiques et psychiatriques. L’objectif est de réaliser un état des lieux sur le vécu des migrants spécifiquement au centre de rétention administrative de Rennes et d'identifier les principaux facteurs déstabilisants pour mieux évaluer les besoins de prises en charge. Méthode L’enquête a été menée par entretiens semi-directifs auprès de 9 personnes passées par le C.R.A. de Rennes et les données recueillies ont été analysées selon la méthode qualitative. Résultats Les participants ont surtout exprimé un sentiment de criminalisation avec une comparaison avec les prisons. Des sentiments d'incertitude, d’injustice, ou d’humiliation viennent alimenter des fléchissements thymiques déjà présents. Dans ce contexte, les toxiques prennent une place importante. A distance, les participants décrivent une expérience mémorisée durablement, des sentiments d’angoisse face à des situations similaires et certaines consommations de substances sont entrées dans la chronicité. Discussion Même pour un temps court, l’enfermement en centre de rétention est préjudiciable à la santé mentale des migrants, déjà fragilisée. Les principaux éléments attribuables à l’altération de la santé mentale semblent être la violence symbolique de l’enfermement et la désocialisation brutale. L’impact de cette expérience laisse une trace à distance, nécessitant d’être explorée et prise en charge.