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Introduction : Les thérapies ciblées ont permis une amélioration de la survie globale et la survie sans progression de patients atteints de cancers avancés, mais de nombreux effets indésirables, parfois sévères, ont été rapportés. L’objectif de cette étude est de mesurer l’incidence des effets indésirables réno-vasculaires des thérapies ciblées administrées par voie orale en population réelle. Méthode : Sont inclus dans cette étude épidémiologique descriptive, rétrospective, monocentrique les patients âgés d'au moins 18 ans, traités par thérapie ciblée par voie orale pour un cancer et suivis en consultation par les infirmières cliniciennes. La variable d'intérêt principale est l'incidence de l'HTA selon la classification oncologique CTCAE à 3 mois de traitement. Les autres variables d'intérêt sont l'incidence de l'HTA selon sa définition « cardiologique », de la protéinurie et de l'insuffisance rénale à 3 mois. Résultats : Du 1er janvier 2011 au 31 juillet 2014, 324 patients ont été inclus, dont 53% d'hommes. L'âge moyen est de 62±13ans. Les antécédents sont : 37% d'HTA, 17% d’insuffisance rénale chronique, 21% de néphrectomie, 13% de diabète. Les cancers les plus fréquents sont : rein (31%), foie (23%), sein (16%). Les molécules les plus utilisées sont : Sorafénib (30%), Sunitinib (23%), Evérolimus (16%). L'HTA « oncologique » concerne 117 patients à 3 mois (37%), contre 118 patients (38%) pour l’HTA « cardiologique » ; 51 patients (15%) ne répondent qu'à une seule définition. En analyse multivariée, les variables significativement associées à la survenue d'une HTA sont l'âge (OR=1,04 ; IC 95%=[1,02-1,06] p<0,001) et l'antécédent de néphrectomie (OR=2,79; IC 95%=[1,59-4,89] p<0,001). Parmi les 77 patients (24%) ayant eu au moins une bandelette urinaire, 18 (23%) ont présenté une protéinurie. Six patients (2%) ont présenté une insuffisance rénale. Discussion : L'HTA est un effet indésirable fréquent et probablement sous-estimé des thérapies ciblées et ce malgré le suivi par les infirmières cliniciennes. Les classifications oncologique et cardiologique retrouvent la même incidence d'HTA mais il ne s'agit pas tout à fait des mêmes patients, posant le problème du choix de la définition.Conclusion : Les thérapies ciblées nécessitent un suivi rapproché comportant des mesures tensionnelles, des bandelettes urinaires et l'évaluation de la fonction rénale. L'âge et l'antécédent de néphrectomie semblent être corrélés à la survenue d'une HTA.