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Introduction : Dès 2015, une entreprise tertiaire a engagé des réflexions sur une réorganisation globale dans un contexte de croissance des effectifs, d’expérience favorable du télétravail et de volonté d’amélioration des conditions de travail. Le flex-office a été testé puis validé par un groupe projet. Des travaux d’agrandissement et de rénovation des locaux ont permis de créer différents espaces de travail. Un accompagnement ergonomique a été mis en place afin de guider l’entreprise dans le choix du matériel. Cependant, ni notre expérience, ni la littérature médicale ne nous permettaient d’anticiper les impacts de cette organisation novatrice sur le travail et la santé. Matériel et méthode : Une étude monocentrique avec une méthode descriptive en deux phases a été construite. Au cours de la première phase, les salariés des 5 étages ont été interrogés successivement par un questionnaire informatique anonymisé co-construit par le COPIL, envoyé 5 mois et demi après leur installation, basé sur le questionnaire SATIN de l’INRS et les interrogeant sur leur usage et perception des espaces de travail, leur utilisation des postes de travail, l’impact du flex-office sur leur activité et leur santé. Les réponses étaient stockées par l’ORS Bretagne et analysées conjointement avec le SPST à l’aide d’une analyse descriptive, bivariée, et multivariée par une régression logistique ordinale. Résultats : 232 personnes ont répondu (taux de réponse 93.5%) ; 169 questionnaires ont été retenus après application des critères de sélection (taux de participation de 68.7%) La majorité des salariés est satisfaite du flex-office (73%) et des différents espaces de travail, trouve une place disponible (78%) dans un délai satisfaisant sans recours à une stratégie, règle toujours ou souvent son poste de travail (94%). Les territoires d’équipe sont les espaces les plus utilisés, à l’inverse les zones de silence et bureaux individuels sont les moins utilisés. Dans leur activité, les salariés rapportent une plus grande adaptabilité du rythme de travail (61%) et des échanges facilités entre collègues (57%). L’articulation avec le télétravail et l’adaptation des locaux (pluralité des espaces, rénovation, convivialité) sont les principaux critères de réussite. A l’inverse, les salariés évoquent plus de difficultés de concentration et de confidentialité des échanges, en lien avec les nuisances sonores qui sont la première source de difficultés rencontrées. Les salariés ne rapportent pas d’impact du flex-office sur le management. La perception de l’état de santé est bonne pour 74% des salariés pour la santé générale, et 67% pour la santé psychique. Les plaintes physiques concernent essentiellement les douleurs dans le dos et/ou le cou, et les plaintes psychosomatiques les troubles du sommeil. L’analyse multivariée a mis en évidence un lien statistique entre le stress professionnel et l’insatisfaction du flex-office. Conclusion : Des facteurs de réussite (accompagnement, rénovation des locaux, articulation avec le télétravail) et des points de vigilance ont été identifiés (bruit, concentration, confidentialité). Ce travail constitue une première source de données et de retour d’expérience du flex-office. Il constitue également une synthèse et une base de réflexion pour la deuxième phase de l’étude.