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Introduction. Les transplantés cardiaques constituent une population à risque de diverses infections opportunistes, dont la toxoplasmose, qui peut être acquise via le greffon transplanté ou résulter de la réactivation d’une infection ancienne. C’est pourquoi ces patients font l’objet d’une attention particulière, avec notamment le dépistage sérologique obligatoire en France, des donneurs et receveurs de greffon cardiaque. L’objectif de cette étude était d’analyser les différents facteurs pouvant expliquer la survenue d’une réactivation toxoplasmique ou d’une toxoplasmose acquise, par le biais d’une analyse multivariée, ainsi que la survie des receveurs en fonction de leur sérologie toxoplasmose préopératoire. Matériels et Méthodes. L’étude a porté sur la cohorte de transplantés cardiaques du CHU de Rennes entre 2010 et 2020. Les données cliniques et diagnostiques ont été extraites à partir de la base de données de l’Unité des Suivis de greffe cardiaque et du Système de gestion du Laboratoire de Parasitologie. Une régression logistique a été utilisée, pour identifier les différents facteurs de risque de réactivation ou de séroconversion toxoplasmique. L’analyse de survie a été menée par le biais d’une courbe de Kaplan Meier. Résultats. Parmi les 230 transplantés cardiaques sur la période 2010-2020, 197 patients ont été inclus et 33 patients décédés de façon précoce ont été exclus. Soixante-quatre % des receveurs inclus dans l’étude étaient séropositifs à T. gondii (n=126), contre 36% de receveurs séronégatifs à T. gondii (n=71). Au cours de la période d’étude, 17% des patients R-/D+ ont fait une séroconversion toxoplasmique (n=8), avec une médiane d’apparition de 22 mois (12, 64), et 11% des receveurs séropositifs ont fait une réactivation sérologique de la toxoplasmose (n=14), avec une médiane d’apparition de 9 mois (3, 98). Le délai de suivi minimum (transplantés de 2020) était de 10 mois. Aucune différence statistiquement significative n’a été observée, entre les patients avec séroconversion et sans séroconversion, chez les R-/D+ ; en ce qui concerne l’âge), le sexe, l’association de traitements immunosuppresseurs ou la survenue d’un rejet aigu. Par contre, chez les patients séropositifs, l’analyse multivariée a montré que les hommes étaient moins à risque de faire une réactivation sérologique que les femmes (M, OR=0.25 ; 95%CI [0.06-0.99] ; p=0.043). Durant la période de notre cohorte de 2010 à 2020, Il n’a pas été constaté de différence significative concernant la survie entre les receveurs séropositifs R+ et séronégatifs R- et entre les différents profils sérologiques des receveurs versus donneurs. Conclusion. Aucun facteur de risque de séroconversion n’a pu être démontré au cours de notre étude. Néanmoins, le sexe semble être un facteur de risque de réactivation toxoplasmique. Le statut sérologique préopératoire de toxoplasmose des receveurs et des donneurs n’affecte pas la survie des transplantés cardiaques.