Tri :
Date
Titre
Auteur
|
|
Science politique
/ 05-06-2024
Mével Adrien
Voir le résumé
Voir le résumé
L’essor des polices municipales en France est particulièrement visible dans les grandes villes, où ces services prennent maintenant une place importante en matière de sécurité publique. Cette croissance pose deux questions centrales : la municipalisation de la production de l’ordre génère-t-elle une différenciation entre territoires urbains, ou s’accompagne-t-elle d’une standardisation de ces services de police ré-émergents ? Et les polices municipales reproduisent-elles le modèle de la police nationale, ou incarnent-t-elles une voie spécifique ? Pour répondre à ces questions, la thèse mobilise un cadre d’analyse au croisement des sociologies de l’action publique, de la police, et des groupes professionnels. Le matériau empirique est issu d’une enquête menée dans trois grandes villes françaises entre 2018 et 2023. La thèse démontre deux grands résultats. Premièrement, l’analyse comparative permet d’invalider l’idée d’une standardisation des polices municipales : si celles-ci suivent bien des trajectoires communes, les temporalités et les modalités de leur développement sont différentes, ce qui limite la convergence, et peut même réintroduire des formes de divergence entre les services étudiés. Deuxièmement, l’isomorphisme des polices municipales vers la police nationale est limité : bien que les agents municipaux se revendiquent de plus en plus comme policiers, des modes contrastés d’investissement du métier cohabitent ; de plus, les jeux de distinction entre policiers déplacent les lignes de démarcation plutôt qu’ils ne les effacent. La thèse conclut en proposant une typologie des polices municipales de grandes villes pour de futures recherches.
|
|
Sociologie
/ 20-12-2023
Seguin Mathias
Voir le résumé
Voir le résumé
Généralement qualifié par ses adeptes de révolution sociale, le modèle du rétablissement circule en France depuis les années 2010. Parent proche du développement personnel, prescrivant la recherche prioritaire du bien-être aux patients souffrants de troubles psychiques, il s’est diffusé et hybridé pour s’implanter au sein du secteur de l’action sociale. Cette thèse montre comment ce modèle, fondé sur un rejet des formes institutionnelles de la relation d’aide et concourant à l’effritement des ressources discrétionnaires d’autonomie professionnelle, a paradoxalement été saisi et approprié par un segment du groupe professionnel des travailleurs sociaux. À partir d’une enquête ethnographique de quatre années au sein d’un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale parisien, cette thèse démontre que si le rétablissement a été réceptionné par les travailleurs sociaux - au point de revendiquer une nouvelle identité professionnelle – c’est moins en raison des idées qu’il véhicule que du fait de sa logique sociale de circulation, constituée à la manière d’une carrière sociale de conversion religieuse. Dans le contexte d’un secteur d’action publique en proie à une crise d’utilité et de légitimité, le modèle du rétablissement s’illustre par la structuration d’une communauté interprofessionnelle imbriquée, centrée sur la croyance en la capacité salvatrice de sa mise en pratique, accordant à ses membres de nouvelles formes de ressources, valorisées et valorisantes, en marge de celles octroyées par leur appartenance institutionnelle et professionnelle.
|
|
Doctorat de l'université de Rennes 1 spécialité sociologie
/ 18-12-2023
Meslet Fabien
Voir le résumé
Voir le résumé
La thèse porte sur une des modalités d’intervention dominante en France dans la lutte contre la précarité énergétique : la sensibilisation aux économies d’énergie. En s’appuyant sur une enquête qualitative menée à Nantes entre 2019 et 2023, basée sur des observations participantes, des entretiens semi-directifs et un traitement d’archives, elle analyse la construction puis le développement de deux dispositifs locaux d’accompagnement à la maîtrise de l’énergie à destination des classes populaires urbaines, à partir du début des années 2010. Cette recherche montre le rôle joué par une coalition discursive dans la construction et la légitimation d’une réponse comportementale au problème « précarité énergétique ». La coalition participe activement à la circulation et à la stabilisation d’une représentation individualisante de la précarité énergétique, axée autour de la figure du sur-consommateur d’énergie et de figures satellitaires comme le « mauvais » gestionnaire, qui rend acceptable et nécessaire une intervention sur les comportements des populations précaires. Cette thèse éclaire également la façon dont les agents-prescripteurs nantais mandatés par l’institution municipale transmettent concrètement les normes institutionnelles de la consommation d’énergie domestique à des populations dans le cadre d’une interaction en face-à-face. Celles et ceux qui sont chargés de relayer des “éco-gestes” investissent différemment leur rôle de prescripteur. Nous proposons quatre idéaux types d’agents-prescripteurs (confident, enseignant, militant et gestionnaire) resitués dans l’espace des dispositions sociales et des trajectoires de socialisation. La thèse montre enfin pourquoi et comment ces street-level bureaucrats ont progressivement transformé et contesté les instruments de gouvernement des conduites, sur la base d’une mise à distance de l’approche normative et comportementale initialement constitutive de ces interventions.
|
|
Droit et Science politique
/ 11-10-2023
Schrijen Damien
Voir le résumé
Voir le résumé
Cette thèse s’intéresse aux effets des mobilisations environnementales localisées, et plus particulièrement à l’impact des résistances rencontrées par les projets d’extraction de ressources minérales en France métropolitaine. Elle questionne plus généralement l’impact des mouvements sociaux sur les mécanismes qui président au changement social. Ce travail se base sur trois cas d’étude : la concession de sable coquillier de Pointe d’Armor (Côtes d’Armor), et les Permis exclusifs de recherche de mines (PERm) de Loc-Envel (Côtes d’Armor) et La Fabrié (Tarn). Les enquêtes ethnographiques menées montrent que de larges coalitions d’opposants, combinant répertoires tactiques variés et alliés institutionnels, parviennent à empêcher l’aboutissement des projets contestés. Ces mobilisations ont, de fait, entravé le développement de filières minérales et métalliques, sans pour autant parvenir à amorcer une transformation de structures sociales fortement consommatrices en matières premières. Mais ces mobilisations ont aussi d’autres impacts : elles redéfinissent les rapports que les populations entretiennent aux territoires défendus, contribuent à produire et à diffuser des connaissances, suscitent l’attention des médias et renouvellent l’intérêt de leurs acteurs pour le fait politique.
|
|
Science politique
/ 30-11-2022
Sénégas Léa
Voir le résumé
Voir le résumé
Cette thèse s’intéresse au processus de renforcement de la capacité d’action des autorités régionales par une marge sectorielle : l’agriculture biologique. Elle s’appuie sur une enquête qualitative comparative menée dans deux Régions françaises, l’Auvergne et la Bretagne, et deux Länder allemands, la Hesse et la Basse-Saxe, à partir d’entretiens semi-directifs et d’un recueil d’archives. Mobilisant le cadre d’analyse de la sociologie de l’action publique, elle montre comment, dans un secteur dominé par les échelles d’intervention nationale et européenne, la marginalité de l’agriculture biologique assure aux régions une autonomie d’action dans la phase de mise à l’agenda. La combinaison d’un processus de décentralisation encouragé par l’Union européenne avec l’investissement des exécutifs régionaux permet, par la suite, aux autorités régionales de s’affirmer dans la régulation du segment à leur échelle.La mise en controverse du modèle agricole dominant par les représentants spécialistes de l’agriculture biologique favorise l’activation des clivages partisans. Reposant sur un faible budget et une forte politisation, le soutien à l’agriculture biologique prend les atours d’une politique emblématique. Elle est l’occasion pour les exécutifs de traduire les alternances partisanes par une conduite différenciée de l’action publique. Si la fragmentation des ressources nécessite la stabilisation de partenariats dans la fabrique de l’action publique, cette thèse affirme que le pouvoir des autorités régionales ne repose pas sur la recherche de compromis, mais sur la sélection d’alternatives. La présence de conflits renforce ainsi leur capacité d’action et rend possible une activité de gouvernement des Länder et des Régions.
|
|
Sociologie
/ 26-01-2021
Brochard Alice
Voir le résumé
Voir le résumé
Le passage à l’âge adulte est marqué par de nombreuses transitions sociales : fin de la scolarité et des études, insertion dans l’emploi, accès à un logement autonome, etc. Le passage de ces épreuves sociales est aujourd’hui non linéaire et réversible, pourtant l’injonction au placement social rapide par le diplôme et l’emploi reste forte. Cette thèse porte sur les parcours de jeunesse, lorsque des troubles psychiques sont identifiés et remettent en question les inscriptions sociales des jeunes.
Cette recherche s’appuie sur une enquête qualitative, menée à l’échelle d’une agglomération, par entretiens auprès de trente-neuf jeunes (récits de vie), mais aussi avec des parents et des professionnels (des champs scolaire, psychiatrique, médico-social, social). Ces matériaux sont complétés par deux enquêtes par immersion et observation : dans un dispositif de scolarité d’une clinique et une mission locale. Cette thèse propose d’analyser l’imbrication et le poids d’une série de facteurs sur les expériences et la négociation des parcours des jeunes selon leur milieu social et leurs ressources : en particulier les représentations, la morale des acteurs impliqués et l’offre territoriale. La thèse décrit les processus de qualification et de traitement social des troubles et du handicap psychique et présente le cadre et les modalités de négociation de deux normes occupationnelles du passage à l’âge adulte: la scolarité et l’insertion dans l’emploi. Elle montre la manière dont les troubles psychiques exacerbent le positionnement dans les modes d’expérience du passage à l’âge adulte décrits par la sociologie de la jeunesse, du côté du placement social ou de celui de la quête de soi.
|
|
Science politique
/ 23-11-2020
Cuccoli Rosarita
Voir le résumé
Voir le résumé
La thèse traite de la couverture médiatique des sports dans les journaux et notamment, de la dimension sociale du phénomène sportif dans ces médias. Le sport bénéficie d'une couverture médiatique massive. Cependant, et bien que l'étendue du sport médiatique permette de présenter, en principe, une multiplicité de sujets et d'angles d'analyse, la couverture des sports a tendance, en réalité, à se concentrer sur un éventail relativement limité de sujets (les athlètes les mieux payés, les tournois les plus lucratifs, etc.). A partir de cette préoccupation centrale, à savoir si la couverture médiatique des sports reflète ou non l’ampleur du phénomène sportif, l'étude a été consacrée à l'élaboration d'une taxonomie de thèmes qui permette de définir cette plus ample “dimension sociale” dans la couverture médiatique du sport. Cette taxonomie, conçue à la fois comme un outil conceptuel et opérationnel, est au cœur de l'étude. L'analyse s'est ensuite centrée sur les résultats de l’analyse de contenu de plus de 6.500 pages de journaux, en prenant la presse italienne comme étude de cas. L'analyse a été menée en vue de comparer l'analyse sociale du sport dans la couverture des journaux généralistes avec celle des journaux sportifs. Cette approche constitue également une contribution significative à la connaissance, les journaux sportifs n'étant pratiquement jamais considérés comme une catégorie à part entière. L'Italie a été choisie, entre autres, pour la présence de plusieurs journaux sportifs. Enfin, compte tenu de la chute de la diffusion des journaux, la thèse s’intéresse aussi au potentiel commercial – ou “business case” – de l’analyse sociale dans la couverture des sports, en montrant pourquoi celle-ci est susceptible d’attirer, de manière peut-être inattendue, de nouveaux lecteurs.
|
|
Science politique
/ 10-12-2019
Thirion Anne-Marie
Voir le résumé
Voir le résumé
Cette étude de territoires infranationaux déconstruit la gouvernance sur quatre projets urbains durables, dont deux à Rennes, un à Copenhague et un autre à Elseneur au Danemark. Elle permet de révéler les préoccupations des acteurs publics, privés ou associatifs, et dévoile leur vision à différentes échelles (locale, nationale, supranationale) pour de grands territoires urbains. Elle interroge également la cohérence de l'action publique, le fonctionnement des institutions, et la démocratie locale plus généralement. Mon travail de recherche part de deux hypothèses : il suppose d'une part l'émergence d'une gouvernance nouvelle entre acteurs publics et privés à travers ces projets urbains novateurs, tant au niveau de la fabrique urbaine que des usages. D'autre part, il questionne l'éventuelle instrumentation de ces projets urbains durables par les pouvoirs publics, à travers la question du marketing territorial rendu nécessaire par une concurrence exacerbée des territoires métropolitains dans le cadre de la mondialisation. Ces hypothèses posent donc in fine la question de l'homogénéisation (ou pas) de la fabrique urbaine européenne. L'État, pour sa part, semble vouloir encourager la réalisation d’opérations exemplaires d’aménagement dans le contexte annoncé d'une transition écologique pour les territoires, mais il reste à distance. L’enjeu est de soutenir la croissance et l’attractivité de ces grandes agglomérations, de les rendre plus respectueuses de leur environnement en diminuant les pollutions multiples et en consommant moins d’énergie et d’espace périurbain. L'intérêt de cette recherche est de proposer une typologie inédite des projets urbains durables à travers une matrice inspirée des trois piliers (économique, social et environnemental) du rapport Brundtland (1987), la référence internationale en matière de durabilité.
|
|
Science politique
/ 08-11-2019
Picard Alice
Voir le résumé
Voir le résumé
Par l'exploration comparative de quatre cas d'étude municipaux, en France, en Angleterre et en Écosse, cette thèse se propose de contribuer au débat scientifique entre « modèles nationaux » (part du national) et autonomie locale. En s'appuyant sur la sociologie des problèmes publics et la sociologie de l'action publique, notre thèse se donne pour ambition d'étudier la manière dont la régulation du fait musulman – défini comme conjonction entre l'organisation d'un culte et la présence de populations musulmanes diversement pratiquantes – est affectée par la construction d'un « problème musulman » à diverses échelles : locale, nationale et internationale. Afin de déterminer si l’islam constitue une catégorie d’intervention publique, nous mobilisons l’approche cognitive des politiques publique et l’analyse de leur instrumentation. Notre démarche socio-historique impose de recourir ponctuellement à la notion de « sentier de dépendance ». Cette thèse met en évidence trois résultats principaux. Le premier est que le contexte national reste une variable prépondérante des choix de politiques publiques municipaux. Le deuxième est que la gouvernance du fait musulman doit être appréhendée comme une configuration triangulaire au sein de laquelle sont allouées des ressources matérielles et symboliques. Le troisième est que malgré les différences nationales, une convergence peut être observée au cours des quinze dernières années sous l'influence du cadrage sécuritaire du «problème musulman ». Il en résulte, dans les deux pays, une tendance à la surveillance des comportements musulmans qui fait évoluer l'action publique de la gouvernance au gouvernement. Cette évolution s’appuie sur la redéfinition des frontières symboliques entre espaces public et privé mais aussi de la nation. La religiosité musulmane fait l’objet d’une entreprise symbolique qui vise à en déterminer les expressions (in)acceptables.
|
|
Science politique
/ 08-12-2017
Lucas Garcia Emminarie Luisiana
Voir le résumé
Voir le résumé
Contexte Les programmes de promotion de la santé dans le milieu du travail sont des interventions complexes qui requièrent une compréhension des facteurs de risque pour l’identification des populations à cibler. Leur développement s’appuie souvent sur des méthodes de montage de projet qui ne tiennent pas compte de principes de promotion de la santé de la Charte d’Ottawa. Des approches méthodologiques adaptées sont nécessaires pour comprendre le fonctionnement de ces programmes. Objectifs Mener une réflexion autour de la promotion de la santé dans le milieu du travail à travers : (i) le développement de la « théorie de programme » d’une intervention de promotion de la santé intitulée « Plus Saine la Vie » réalisée à la Société Nationale des Chemins de Fer Français (SNCF) et (ii) l’identification des déterminants du diabète de type 2 et de l’hypertension artérielle que l’on peut mesurer en routine auprès d’une population de salariés en surpoids en milieu du travail. Méthodes L’outil de catégorisation des résultats de Promotion Santé Suisse a été utilisé pour développer la « théorie de programme » à l’aide d’une approche inductive fondée sur la documentation disponible sur l’intervention et l’observation de celle-ci sur le terrain. Vingt réunions itératives du comité de pilotage de l’intervention ont assuré la validation du processus qui a abouti au modèle final. Ensuite, nous avons utilisé la méthode de conception de programme proposée par Fry et Zask (2016) pour comprendre quels leviers d’action de la Charte d’Ottawa ont été mobilisés par l’intervention. L’identification des déterminants du diabète de type 2 et de l’hypertension artérielle a été réalisée par deux études transversales auprès des salariés en surpoids de la SNCF volontaires pour participer à un dépistage lors de la visite périodique de médecine du travail (janvier 2011- mars 2015). Résultats Une première « théorie de programme » a été développée avec des informations détaillées sur les activités, les résultats intermédiaires et les objectifs de l’intervention. Quatre axes stratégiques de la Charte d’Ottawa ont été mobilisés par l’intervention : création d’environnements favorables à la santé, renforcement de l’action communautaire, acquisition d’aptitudes individuelles et réorientation des services de santé. Dans la deuxième partie de notre travail, les quatre déterminants suivants ont été identifiés pour expliquer une hyperglycémie chez les salariés en surpoids : le sexe masculin, un âge ≥50 ans, une pression artérielle élevée (≥140/90 mm Hg), et une consommation quotidienne de produits sucrés. De plus, six déterminants ont été identifiés pour expliquer une pression artérielle élevée : le sexe masculin, un âge ≥40 ans, un indice de masse corporelle compris entre 27,5 et 29,9 kg/m², une hyperglycémie (mesurée par la glycémie capillaire ≥ 7 mmol/L), un risque élevé d'apnée du sommeil, et le travail de nuit. À l'inverse, être cadre au sein de la SNCF a été identifié comme un facteur protecteur de pression artérielle élevée. Discussion Notre travail propose un cadre conceptuel pour modéliser les programmes de promotion de la santé dans le milieu du travail et relève ainsi, par l’exemple concret de l’action « Plus Saine la Vie », comment certains des axes stratégiques de la Charte d’Ottawa ont pu être mobilisés dans le milieu du travail. Enfin, l’identification de déterminants du diabète de type 2 et de l’hypertension artérielle au cours d’une visite systématique de médecine du travail des salariés en surpoids montre la faisabilité d’interventions ciblées de promotion de la santé dans le milieu du travail.
|
|