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Objectif : Grâce aux progrès de la chirurgie et de l’anesthésie, le risque transfusionnel en chirurgie orthopédique a baissé depuis plusieurs décennies. L’objectif de cette étude était d’évaluer la pertinence actuelle des examens immuno-hématologiques (EIH) pré-opératoires systématiquement demandés au CHU de Rennes avant une chirurgie arthroplastique ou du rachis. Matériels et Méthodes : Après accord du CERAR, les patients opérés en 2019 d’une chirurgie orthopédique programmée arthroplastique ou du rachis ont été inclus rétrospectivement. Le critère de jugement principal était le taux de transfusion au cours du séjour. Les critères de jugement secondaires étaient le taux de transfusion urgente et imprévisible ainsi que le taux d’examens redondants. Résultats : Sur la période, 843 patients d’âge moyen 66+/-14ans ont été inclus. En pré-opératoire, 16% des patients étaient anémiés. 10% des patients inclus ont été transfusé au cours du séjour. En analyse multi-variée, l’âge (OR 1,025 [1,003 ;1,048] p 0.023) et l’hémoglobinémie préopératoire (OR 0,41 [0,34 ;0,51] p<0.0001) étaient significativement associés à la transfusion. Le taux de transfusion était faible (<1%) pour la prothèse totale de hanche réalisée en ambulatoire, la prothèse unicompartimentale de genou, la prothèse totale d’épaule (et reprise), la hernie discale sur un étage par voie postérieure, l’arthrodèse du rachis sur un ou deux étages par voie postérieure, la chirurgie du rachis cervical par voie antérieure, la coccygectomie et la chirurgie du rachis lombaire par voie antérieure ou latérale. Le taux de transfusion urgente et imprévisible (définie par une transfusion le jour de la chirurgie ou audelà avec critère d’urgence documenté, chez un patient non anémié en pré-opératoire) était faible (<1%) pour l’ensemble de la chirurgie arthroplastique primaire de hanche, genou et épaule. Au final, 40% des patients ont eu au moins un examen immuno-hématologique redondant injustifié. Conclusion : Il est possible de ne plus réaliser d’EIH systématiques pour certaines interventions de chirurgie orthopédique autrefois réputées à haut risque hémorragique mais aujourd’hui à faible risque. Les examens redondants sont fréquents et doivent être évités.