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Introduction : L’évolution de l’activité inflammatoire focale avec l’âge chez les patients atteints de sclérose en plaque secondairement progressive (SEP-SP) a été peu explorée, et la question du traitement de fond chez ces patients reste débattue. Objectifs : 1) Décrire l’évolution à long terme des poussées dans une cohorte de patients SEP-SP ; 2) Identifier les facteurs associés à la persistance des poussées ; 3) Evaluer l’impact des poussées sur l’aggravation du handicap. Méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective à partir de la base EDMUS de Rennes. Les patients suivis régulièrement pour une SEP-SP ont été inclus. Les taux annualisés de poussée (TAP) ont été calculés, ainsi que les facteurs associés aux poussées (âge, sexe, durée d’évolution, handicap). L’influence des poussées sur le temps pour atteindre un score EDSS (Expanded Disability Status Scale) 6 depuis le début de la phase progressive, et sur l’aggravation irréversible du handicap au décours de différentes périodes ont été analysées. Résultats : Nous avons inclus 506 patients avec durée moyenne de suivi de 14,3 ± 7,3 années en phase progressive. Le TAP diminuait avec l’âge des patients (43% pour 10 ans) et la durée de la maladie (46% pour 5 ans). Les poussées étaient associées avec une diminution du temps pour atteindre l’EDSS 6 (HR = 1,29 ; 95% IC [1,01 ; 1,64]). Concernant le handicap à court terme, les poussées étaient associées à une augmentation du risque d’aggravation irréversible durant les 5 premières années de phase progressive (HR = 3,32 ; 95% IC [1,54 ; 6,31] de 0 à 3 ans et HR = 2,14 ; 95% IC [1,16 ; 3,58] de 3 à 5 ans), mais pas pour les années suivantes. Discussion : Les poussées persistent en phase SP pour une minorité de patients et leur fréquence diminue avec l’âge et la durée d’évolution de la phase progressive. Elles semblent avoir un impact sur l’aggravation du handicap à court terme durant les premières années de phase progressive. Cet impact est limité à un stade plus évolué. Conclusion : Les poussées concernent essentiellement les patients les plus jeunes en début de phase secondairement progressive, suggérant un intérêt particulier des traitements de fond à visée immunologique à ce stade.