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Introduction : L’arthrodèse rachidienne est reconnue comme pourvoyeuse de douleurs intenses et prolongées en postopératoire. L'analgésie multimodale est un élément clé dans la prise en charge periopératoire, raison pour laquelle notre protocole associait aux morphiniques la Lidocaïne et la Kétamine. L’objectif principal de notre étude était de décrire la qualité de l’analgésie et la consommation morphinique en postopératoire immédiat et le retentissement sur la qualité de vie et les douleurs neuropathiques à 6 mois. L’objectif secondaire était d’analyser les facteurs prédictifs de surconsommation de Morphine, de moins bonne qualité de vie ou de survenues de douleurs neuropathiques. Matériels et méthodes : Dans cette étude de cohorte prospective et observationnelle, les données démographiques et cliniques periopératoires ont été recueillis chez cinquante enfants âgés de 10 à 18 ans ayant bénéficié d'une arthrodèse pour correction de scoliose idiopathique. Les données principales étaient l'Echelle Numérique Simple (ENS), la consommation morphinique, le questionnaire DN4 et Scoliosis-Research-Society-22 (SRS22). Les patients ont ensuite été divisés en sous-groupes par rapport aux médianes pour l’analyse des facteurs de risque. Résultats : La consommation globale de Morphine était de 3,04 mg/kg. La majorité des patients avaient une ENS < 3. Le score SRS22 était de 3,95 (3,7-4,3) et 34% des patients avaient des douleurs neuropathiques à six mois. Les facteurs prédictifs de surconsommation morphinique étaient le sexe masculin (OR = 15,6 ; IC 95% [0,9-246,9]) et l'absence d'administration orale d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (OR = 4,8 ; IC 95% [1,0-22,6]). Ceux qui consommaient plus de Morphine le premier jour avaient un score DN4 plus élevé (3 (1-4) contre 0 (0-3), P = 0,02). En régression logistique, les patients avec la moins bonne qualité de vie à six mois étaient corrélés à la surconsommation de Morphine (P < 0,05) et aux scores ENS plus élevés au troisième jour (P = 0,03). Conclusion : Nos patients, ayant bénéficié d’un protocole Lidocaïne-Kétamine, sont peu douloureux en postopératoire. Comparativement aux autres études, ils consomment moins de Morphine et ont moins de douleurs neuropathiques, sans pour autant avoir d’amélioration notable de la qualité de vie. Ce protocole parait donc intéressant pour le contrôle de la douleur aigüe et par ce biais la diminution de douleurs chroniques post-chirurgicale. A ce jour, notre étude est la seule à s'intéresser à la douleur aigüe et chronique des enfants ayant bénéficié de Lidocaïne et Kétamine en peropératoire.