La neuropathie périphérique est une complication fréquente et invalidante de la consommation chronique d’alcool, diagnostiquée souvent trop tardivement pour empêcher des lésions irréversibles. Notre objectif principal était de rechercher, en microscopie confocale (MC), une perte de longueur des nerfs cornéens chez des patients présentant une neuropathie périphérique d’origine alcoolique (NPA); et secondairement d’évaluer la sensibilité cornéenne associée. Matériel et méthodes : 26 patients consommateurs excessifs chroniques avec neuropathie périphérique (ONH+) et 25 sans neuropathie périphérique (OHN-) ont été comparé à 26 sujets contrôles. La quantification semi- automatisée de la longueur des fibres nerveuses (LFN) sous épithéliales en MC et la mesure de la sensibilité cornéenne par esthésiomètre de Cochet-Bonnet a été réalisée pour tous les sujets. Une corrélation entre la LFN et l’état de la consommation alcoolique ou de la NPA a été recherchée. Résultats : La LFN était significativement diminuée dans le groupe OHN+ (9.3 ± 5mm/mm2 p<0,0001) et OHN- (12.9 ± 3.9mm/mm2 p = 0.0003) comparativement aux sujets contrôle (17.4 ± 2.4mm/mm2). De la même manière, la sensibilité cornéenne diminuait dans le groupe OHN+ (48.8 ± 9.4mm, p < 0.0001) et OHN- (56.4 ± 5.5mm, p = 0.0331 versus 59,4±1,6mm). Aucune corrélation entre la LFN et l’état de la consommation alcoolique (durée et quantité consommée) ou la sévérité de la NPA n’a été prouvée. Conclusion et perspectives : La microscopie confocale permet de détecter une atteinte des fibres nerveuses cornéennes chez les patients atteints de NPA ainsi que chez les consommateurs excessifs sans NPA diagnostiquée. La MC pourrait donc devenir un outil potentiel de diagnostic très précoce de la maladie neurologique. De plus, l’intérêt de la mesure de sensibilité cornéenne devra être évaluée car elle est simple d’accès et de réalisation et semble liée à la NPA.