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Qu’est-ce que la vie ? : selon les vitalismes de Barthez et Bordeu à l’École de médecine de Montpellier au siècle des Lumières (What is life ? : according to the vitalisms of Barthez and Bordeu at the Montpellier School of Medicine in the Age of Enlightenment. ) Saïag, Bernard - (2024-12-16) / Université de Rennes - Qu’est-ce que la vie ? : selon les vitalismes de Barthez et Bordeu à l’École de médecine de Montpellier au siècle des Lumières
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Langue : Français Directeur(s) de thèse: Bardout, Jean-Christophe Discipline : Philosophie Laboratoire : Centre Atlantique de Philosophie Ecole Doctorale : ELICC Classification : Philosophie, psychologie Mots-clés : Vitalisme, Paul-Joseph Barthez, Théophle de Bordeu, âme, corps, principe vital, sensibilité vital, physiologie
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Résumé : Ce travail voudrait interroger l’« essence » de la vie en s’appuyant spécifiquement sur les analyses fournies par Théophile de Bordeu et Paul-Joseph Barthez, qui sont les deux grandes figures du vitalisme de l’École de Médecine de Montpellier au siècle des Lumières. Or, l’analyse des approches vitalistes de ces deux auteurs révèle à la fois des points de convergence et de divergence. Leur point commun est en effet leur opposition tant au mécanisme qu’à l’animisme. Cependant, nous observons qu’ils adhèrent à deux aspects de ces théories, notamment (1) l’existence de processus physicochimiques indispensables au maintien de la vie et (2) la présence d’une âme dont le siège éventuel fait débat. Toutefois, pour Barthez comme pour Bordeu, l’âme ne suffit pas pour expliquer ce qu’est la vie. En effet, pour eux, l’âme ne peut être à la fois « raisonnable-pensante » et « gérant » chaque processus du vivant. Il faut, en conséquence, qu’existe donc « autre chose » pour gérer la vie, de la cellule à l’organisme entier. Ainsi Barthez et Bordeu suggèrent-ils, respectivement, l’implication d’un Principe Vital et d’une Sensibilité Vitale, en tant qu’entité de nature non définie et ubiquitaire qui gérerait les processus vitaux indépendamment de l’« âme pensante ». Notre analyse indique, dans un premier temps, que la proposition d’un Principe Vital par Barthez est la résultante de ses réflexions sur les observations cliniques qu’il a faites ou dont il a eues connaissance, avant de faire remarquer que même si les réflexions barthéziennes s’apparentent quelquefois aux « intuitions métaphysiques », elles ont tout de même quelques bases liées à l’observation scientifique puisqu’elles portent en germe, entre autres, les notions actuelles de pharmacodynamie et d’homéostasie. D’autre part, notre étude s’est attardée sur l’hypothèse bordévienne de la Sensibilité Vitale, sur la base des expériences réalisées sur des glandes salivaires humaines. En montrant que le mouvement de la mâchoire n’exerce aucune pression sur la glande et qu’en conséquence le processus d’excrétion vient de l’intérieur de cette glande, Bordeu conclut que l’induction de la sécrétion-excrétion est plutôt liée à la sensibilité propre de la glande et étend sa conclusion à toutes les glandes. D’où, sans le dire à l’époque, l’esquisse du concept d’endocrinologie ; et d’autres travaux de Bordeu suggèrent par ailleurs l’importance du système nerveux et de la transmission nerveuse. Ainsi, Bordeu écarte le concept de Principe vital et défend l’idée que l’induction de l’excrétion est liée à la Sensibilité propre à chaque organe du corps. Il résume sa pensée par la métaphore de l’« essaim d’abeilles », pour laquelle le tout est plus que la somme des parties. Nous concluons, enfin, à la pertinence de ces deux théories vitalistes constituées chacune de deux triades ayant en commun l’âme pensante et le corps auxquels s’ajouterait pour Bordeu la Sensibilité Vitale et pour Barthez le Principe Vital. Nous observons que ces deux théories sont toujours d’actualité puisque d’autres approches vitalistes apparaissent et sont qualifiées de néovitalistes. Abstract : This work would like to question the "essence" of life by relying specifically on the analyses provided by Théophile de Bordeu and Paul-Joseph Barthez, who are the two great figures of vitalism at the Montpellier School of Medicine during the Age of Enlightenment. However, the analysis of the vitalist approaches of these two authors reveals both points of convergence and divergence. What they have in common is their opposition to both mechanism and animism. However, we observe that they adhere to two aspects of these theories, namely (1) the existence of physicochemical processes essential to the maintenance of life and (2) the presence of a soul whose possible location is debated. However, for Barthez as for Bordeu, the soul is not enough to explain what life is. Indeed, for them, the soul cannot be both "reasonable-thinking" and "managing" every process of the living. Consequently, there must be "something else" to manage life, from the cell to the entire organism. Thus Barthez and Bordeu suggest, respectively, the implication of a Vital Principle and a Vital Sensitivity, as an entity of an undefined and ubiquitous nature that would manage vital processes independently of the "thinking soul". Our analysis indicates, first, that Barthez's proposal of a Vital Principle is the result of his reflections on the clinical observations he has made or of which he has been aware, before pointing out that even if Barthez's reflections are sometimes similar to "metaphysical intuitions", they still have some bases linked to scientific observation since they carry the seeds of a among others, the current notions of pharmacodynamics and homeostasis. On the other hand, our study focused on the Bordevian hypothesis of Vital Sensitivity, based on experiments carried out on human salivary glands. By showing that the movement of the jaw does not exert any pressure on the gland and that consequently the process of excretion comes from within this gland, Bordeu concludes that the induction of secretion-excretion is rather related to the sensitivity of the gland itself and extends his conclusion to all the glands. Hence, without saying so at the time, the outline of the concept of endocrinology; and other works by Bordeu also suggest the importance of the nervous system and nerve transmission. Thus, Bordeu dismisses the concept of the Vital Principle and defends the idea that the induction of excretion is linked to the Sensibility proper to each organ of the body. He sums up his thought with the metaphor of the "swarm of bees", for which the whole is more than the sum of its parts. Finally, we conclude that these two vitalist theories are relevant, each consisting of two triads having in common the thinking soul and the body, to which would be added for Bordeu the Vital Sensibility and for Barthez the Vital Principle. We observe that these two theories are still relevant since other vitalist approaches appear and are qualified as neovitalists. |