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Nietzsche et la crise des fondements moraux : métaphysique et nihilisme (Nietzsche and Crisis of moral foundations : metaphysics and nihilism) Mpassi, Nestor Willy Darel - (2023-11-20) / Université de Rennes - Nietzsche et la crise des fondements moraux : métaphysique et nihilisme
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Langue : Français Directeur(s) de thèse: Bardout, Jean-Christophe Discipline : Philosophie Laboratoire : Centre Atlantique de Philosophie Ecole Doctorale : ELICCE Classification : Métaphysique Mots-clés : Nietzsche, Morale, Immoralisme, Métaphysique, Nihilisme, Liberté
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Résumé : Cette thèse entend relire la critique nietzschéenne de la morale, trop souvent interprétée par certains comme un “immoralisme absolu“ et par d’autres comme “une morale immoraliste“ : ce qui au fond revient, nous semble-t-il, à dire une seule et même chose puisqu’une morale d’essence immoraliste n'est ni plus ni moins qu’un pur immoralisme. Il convient donc de remarquer que toutes ces interprétations aboutissent à un véritable consensus dans la manière de comprendre le sujet en débat et de résoudre le problème épistémologique qui y est lié. Étant donc foncièrement d’avis que la différence présentée par ces interprétations se limite essentiellement à des détails conceptuels qui au fond ne changent pas la conclusion principale et commune à laquelle elles aboutissent toutes, nous tentons de démontrer que celles-ci inscrivent inconséquemment la morale de Nietzsche dans une guerre sans fin avec la morale du socrato-platono-christianisme, dont Nietzsche affirme pourtant l’avoir complètement surmontée. Or, en inscrivant indéfiniment Nietzsche dans ce combat insurmontable avec la morale traditionnelle, on en vient à réduire sa critique à une pure et simple réfutation plutôt que d’en faire véritablement l’art de la substitution que Nietzsche lui-même revendique à l’envi. Ce qui contraste fondamentalement, somme toute, avec les prérogatives de la nouvelle et authentique philosophie telle que Nietzsche la conçoit : une activité essentiellement créatrice de nouvelles valeurs, et non pas une simple destruction des anciennes valeurs. En distinguant chez Nietzsche deux postures axiologiques à la fois différentes et complémentaires, dont la première se veut fondamentalement immoraliste et la seconde moraliste, nous soutenons en revanche que la morale de ce dernier n’est pas, rigoureusement parlant, en lutte avec celle du socrato-platono-christianisme que son immoralisme s’était pourtant déjà chargé de démolir. L’argument fondamental de notre thèse voudrait donc démontrer qu’en utilisant le terme “immoraliste“ pour se l’appliquer à soi-même d’une part et pour magnifier la portée éminemment morale de sa négation de cette morale métaphysique et nihiliste d’autre part, Nietzsche ne fait rien d’autre que louer la morale et en dire la nécessité infinie. D’où la nouvelle hypothèse interprétative d’un « immora-lisme-moralisant » que cette thèse esquisse en lien profond avec les postures axiologiques de Nietzsche en présence, et que nous proposons par ailleurs de substituer à toutes les hypothèses interprétatives antérieures. Tester cette hypothèse demande dès lors d’interroger le véritable statut axiologique de la destruction et de la création chez Nietzsche, c’est-à-dire examiner attentivement sa double critique de la morale, critique immoraliste d’une part et critique moraliste d’autre part, dont le centre de gravité est constitué par une opposition implacable autant à la métaphysique qu’au nihilisme. C’est montrer par la suite que cette double critique de la morale se structure en une question de la liberté, puisque Nietzsche pose cette dernière à la fois comme une condition de possibilité et un aspect constitutif de la création de nouvelles valeurs qui détermine “la philosophie de l’avenir“. Ce qui conduit, enfin, à conclure que la problématique nietzschéenne de la morale et cette question de la liberté forment un nœud inextricable d’autant plus que la vocation première et fondamentale de Nietzsche consiste, d’une part, à libérer les forces et les puissances vitales du carcan de la morale métaphysique et nihiliste qui les gêne et les étouffe ; et, d’autre part, à élever un nouveau type d’humanité qui est « appelé à porter un jour le type de l’esprit libre à son point parfait de maturation et de succulence ». Abstract : This thesis intends to reread the Nietzschean critique of morality, too often interpreted by some as an "absolute immoralism" and by others as "an immoralistic morality": which in essence amounts, it seems to us, to saying one and the same thing since a morality of immoralistic essence is neither more nor less than a pure immoralism. It should therefore be noted that all these interpretations lead to a real consensus in the way of understanding the subject under debate and solving the epistemological problem related to it. Being therefore fundamentally of the opinion that the difference presented by these interpretations is essentially limited to conceptual details that do not fundamentally change the main and common conclusion to which they all lead, we try to demonstrate that they inconsistently inscribe Nietzsche's morality in an endless war with the morality of Socrato-Platono-Christianity, which Nietzsche claims to have completely overcome. However, byindefinitely inscribing Nietzsche in this insurmountable struggle with traditional morality, we come to reduce his criticism to a pure and simple refutation rather than really making it the art of substitution that Nietzsche himself claims at will. This contrasts fundamentally, after all, with the prerogatives of the new and authentic philosophy as Nietzsche conceives it: an activity essentially creating new values, and not a simple destruction of old values. By distinguishing in Nietzsche two axiological postures that are both different and complementary, the first of which is fundamentally immoralistic and the second moralist, we maintain on the other hand that the morality of the latter is not, rigorously speaking, in struggle with that of Socrato-Platono-Christianity. whose immoralism had already been demolished. The fundamental argument of our thesis would therefore like to demonstrate that by using the term "immoralist" to apply it to oneself on the one hand and to magnify the eminently moral significance of his negation of this metaphysical and nihilistic morality on the other, Nie-tzsche does nothing but praise morality and say of its infinite necessity. Hence the new interpretative hypothesis of an "immoralizing-moralism" that this thesis sketches in deep connection with Nietzsche's axiological postures in presence, and that we also propose to replace all previous interpretative hypotheses. To test this hypothesis therefore requires questioning Nietzsche's true axiological status of destruction and creation, that is, to carefully examine his double critique of morality, immoralist criticism on the one hand and moralist criticism on the other, whose center of gravity is constituted by an implacable opposition to both metaphysics and nihilism. This is to show later that this double critique of morality is structured in a question of freedom, since Nietzsche posits the latter both as a condition of possibility and as a constitutive aspect of the creation of new values that determines "the philosophy of the future". This leads, finally, to the conclusion that the Nietzschean problematic of morality and this question of freedom form an inextricable knot, especially since Nietzsche's first and fundamental vocation consists, on the one hand, in freeing vital forces and powers from the straitjacket of metaphysical and nihilistic morality that hinders and suffocates them; and, on the other hand, to raise a new type of humanity which is "called one day to bring the type of the free spirit to its perfect point of maturation and succulence". |