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La liberté de circulation : justifications philosophiques d'un droit humain fondamental (Freedom of movement: philosophical justifications of a fundamental human right) Mougombili, Clément - (2022-09-30) / Universite de Rennes 1 - La liberté de circulation : justifications philosophiques d'un droit humain fondamental
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Langue : Français Directeur(s) de thèse: Bégot, Jacques-Olivier; Dumitru, Speranta Discipline : Philosophie Laboratoire : Centre Atlantique de Philosophie Ecole Doctorale : ELICC Classification : Philosophie, psychologie Mots-clés : Liberté de circulation, droits humains, migration, État, frontières, développement, transferts de fonds, réfugiés, Vitoria, Grotius, Pufendorf, Hobbes, Locke, Kant
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Résumé : Cette thèse propose une analyse philosophique de la liberté de circulation en tant que droit humain fondamental. Inscrit dans la Déclaration universelle des droits humains, le droit de « quitter tout pays, y compris le sien » peine à être reconnu comme fondamental, y compris au sein des démocraties libérales. Lorsque son importance est reconnue, elle est justifiée par des intérêts spécifiques — par exemple, économiques ou démographiques — que la migration devrait servir. L’idée que défend cette thèse est que la liberté de circulation possède une valeur intrinsèque, c’est-à-dire indépendante des intérêts spécifiques qu’elle peut servir. L’argument est ici divisé en deux parties. Dans la première partie, on mobilise l’histoire des idées politiques pour montrer pourquoi la liberté de circulation a été vue comme un droit naturel. Durant trois siècles, les philosophes — de Francisco de Vitoria à Emmanuel Kant, en passant par Hugo Grotius et John Locke — ont puisé, dans la théologie et le droit, des arguments montrant l’importance du droit d’aller et venir. Pourquoi la valeur de la liberté de circulation est-elle moins défendue à notre époque ? La seconde partie de la thèse est consacrée aux critiques contemporaines d’un droit humain à la libre circulation. Si les arguments fondés sur la souveraineté ou la culture nationale sont souvent mobilisés contre l’immigration, l’argument socio-économique est parfois utilisé en faveur de la libre circulation. Cependant, conditionner la liberté à sa valeur économique, c’est méconnaître son caractère fondamental. Cette thèse soutient que la valeur de la liberté de circulation est indépendante des actions spécifiques au travers desquelles elle s’exerce. Abstract : The dissertation provides a philosophical analysis of freedom of movement as a fundamental human right. Enshrined in the Universal Declaration of Human Rights, the right to "leave any country, including one's own" is hardly recognized as being fundamental, including by liberal democracies. When its importance is recognized, it is often justified by specific interests – for example, economic or demographic – that migration should serve. The idea defended here is that freedom of movement has an intrinsic value, that is, independent of the specific interests that it can serve. The argument has two parts. In the first part, we mobilize the history of political ideas to show why freedom of movement was thought of as a natural right. For three centuries, various philosophers – from Francisco de Vitoria to Immanuel Kant, via Hugo Grotius and John Locke – have drawn on theology and law to analyze the importance of the right to come and go. Why the value of free movement is less advocated in our times? The second part of the thesis is dedicated to the contemporary criticisms of the human right to free movement. While arguments based on sovereignty or on national culture are often mobilized against migration, the socio-economic argument is sometimes used in favor of free movement. Yet, if freedom is conditioned on its economic value, its fundamental character is discarded. Here, we argue that the value of freedom of movement is independent of the specific actions through which it is exercised. |