Orienter et activer : les projets coopératifs d’énergie renouvelable à l’épreuve du marché. Une comparaison multi-niveaux Danmark, France, Royaume-Uni (Orient and activate : The cooperative renewable energy projects at the test of the market. Denmark, France and the United Kingdom in a multi-level comparison perspective) Wokuri, Pierre - (2020-10-22) / Universite de Rennes 1 - Orienter et activer : les projets coopératifs d’énergie renouvelable à l’épreuve du marché. Une comparaison multi-niveaux Danmark, France, Royaume-Uni
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Langue : Français Directeur(s) de thèse: Pasquier, Romain Discipline : Science politique Ecole Doctorale : Droit et Science Politique Classification : Science politique Mots-clés : Politiques publiques, Etudes comparatives, Energies renouvelables, Sociologie des marchés
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Résumé : La transition énergétique, tantôt utilisée comme mot d’ordre politique, tantôt comme notion analytique, est souvent mobilisée pour exprimer un changement important dans l’organisation et le contenu des politiques énergétiques, ainsi que des comportements collectifs et individuels. La présente thèse s’est attachée à examiner l’une des dynamiques de cette dite transition en analysant la mise en action d’initiatives de production et de distribution d’électricité d’origine renouvelable par des acteurs collectifs citoyens, seuls ou en partenariats avec d’autres acteurs de marché : les projets coopératifs. La thèse s’articule autour de trois niveaux d’analyse : les régimes nationaux de politique publique de l’électricité, les organisations collectives représentant les intérêts des projets coopératifs et neuf organisations coopératives. La thèse montre que la participation des projets coopératifs s’explique par deux formes de pouvoir économique : le pouvoir d’orientation et d’activation. Le premier désigne la capacité des organisations collectives des projets coopératifs à orienter et s’orienter au sein d’un régime de politique publique pour créer des possibilités de mise en marché. Le second désigne la capacité des projets coopératifs à activer des possibilités (juridiques, financières, sociales et politiques), présentes à l’état latent dans le régime de politique publique et nécessaires pour leur concrétisation. À partir d’une enquête qualitative (entretiens semi-directifs, observations, analyse de documents de politique publique, business plan...) et comparative (Danemark, France et Royaume-Uni), la thèse entend contribuer à la compréhension des dynamiques de changement dans l’action publique, de la trajectoire d’une innovation au sein d’un marché et des relations entre activités économiques, action publique et action collective, tout en enrichissant la prise en compte des modèles ou styles de politiques publiques via la notion de régime de politiques publiques. Si les trajectoires nationales diffèrent, les contenus des mix électriques se distinguent, les cas britanniques, danois et français convergent toutefois autour d’un résultat commun : la participation neutralisée des projets coopératifs. Dans ces trois États, ces initiatives restent cantonnées au statut de niches dont la diffusion est partielle et sont neutralisées. La thèse identifie quatre éléments décisifs pour expliquer cette neutralisation : (i) les difficultés des organisations collectives des projets coopératifs à institutionnaliser les avantages obtenus ; (ii) les difficultés des projets coopératifs à orienter les régimes vers une reconnaissance de leur spécificité ; (iii) la faible autonomie des projets coopératifs dans l’exercice d’un pouvoir d’orientation ; (iv) les difficultés à créer des circuits de commerce autonomes et propres aux projets mis en action. Si les projets coopératifs parviennent parfois à s’insérer dans des marchés nationaux, leur contribution au changement reste relativement mineure dans l’état actuel des contraintes politiques et économiques qui pèsent aux niveaux nationaux. Abstract : The energy transition, sometimes used as a political motto, sometimes as an analytical concept, is often used to express a significant change in the organization and content of energy policies, as well as in collective and individual behavior. This thesis has attempted to examine one of the dynamics of this so-called transition by analysing the implementation of initiatives producing and distributing distribution electricity from renewable sources by group of citizens, alone or in partnership with other market players : the cooperative energy projects. To do so, this thesis is structured around national public electricity policy regimes, collective organizations representing the interests of cooperative projects, and nine cooperative organizations. The thesis shows that the participation of cooperative projects is explained by two forms of economic power : the power of orientation and activation. The first refers to the ability of collective organizations of cooperative projects to orient and orient themselves within a policy regime to create market opportunities. The second refers to the capacity of cooperative projects to activate possibilities (legal, financial, social and political), present in the latent state within a policy regime and necessary for their realization. Based on a qualitative (semi-structured interviews, observations, analysis of policy documents, business plan, etc.) and comparative research (Denmark, France and the United Kingdom), the thesis intends to contribute to understanding the dynamics of change in public policies, the trajectory of innovation within a market and the relationships between economic activities, public policies and collective action, while enriching the consideration of models or policies styles through the concept of policy regime. If the national trajectories differ, however the British, Danish and French cases converge around a common dynamic : the neutralized participation of the cooperative energy projects. The thesis identifies four key elements to explain this neutralization: (i) the difficulties of collective organizations in cooperative to institutionalize advantages; (ii) the difficulties of cooperative projects in orienting the regimes towards recognition of their specificity; (iii) the weak autonomy of cooperative projects in the exercise of a power of orientation; (iv) the difficulties in creating autonomous circuits of commerce. |